Le 14 mars 2020 le premier ministre Édouard Philippe annonçait les mesures afin d’endiguer l’épidémie de coronavirus. Le journal « Le Monde » m’a alors confié un reportage sur la dernière soirée à Paris avant la fermeture des bars et sur le premier jour du confinement.
J’avais là deux chapitres d’une histoire qui débutait et que je voulais continuer de documenter. Une fois confiné, j’ai cru voir comme une fragmentation de l’espace (public, social et intime), mais également de nos vies, qui semblait ne devenir visible que depuis des sortes de fenêtres verticales. J’ai alors essayé de reconstruire cette fragmentation grâce au montage des images
que je prenais : le tour autorisé de ma maison, les passants devant chez moi figés dans leurs mouvements (à l’arrêt dans un monde qui devait malgré tout continuer), les transports en commun et leurs usagers
s’effaçant peu à peu, et la mosaïque du dernier jour du confinement mise en lien avec celle
de la reprise de la vie.

Pour cette dernière réalisation j’ai installé durant deux jours et sur la même période, place Gambetta, une caméra de chasse programmée pour déclencher à chaque fois qu’un mouvement était détecté. En résulte un puzzle de photos dont la différence du nombre d’image atteste de l’écart de fréquentation des rues du quartier pendant et après le confinement. A la manière d’une écriture, ces images disposées en frise chronologique se ré-animent peu à peu par le lent défilement des yeux qui les parcourent, comme les études photographiques du mouvement, ancêtre du cinéma,

ou les flip books.
La mosaïque ainsi que les deux premiers chapitres de l’histoire sont photographiées au format

horizontal tandis que les photos durant le confinement sont au format vertical. La bascule intervient sur la page du premier jour du confinement. L’utilisation du format vertical tente
de renforcer l’idée, déjà intrinsèque à l’objet photographique, de « fragment d’instant ». Comme si leur verticalité était dû au fait qu’elles soient prélevées d’un continuum normalement représenté en largeur. 

Le bar "le chateau d'eau" ferme ses portes à 23h39 afin de faire suite aux annonces du premier ministre francais, Edouard Philippe, concernant la fermeture des bars et des restaurants à minuit ce samedi 14 mars à cause de la propagation du coronavirus.
Mardi 17 mars, suite à l'annonce du confinement afin de lutter contre la propagation du Covid-19, faite par le président français Emmanuel Macron et son ministre de l'interieur Cristophe Castaner la veille, quelques parisiens se retrouve devant la boulang
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